Ma liste de blogs

mercredi 15 septembre 2010

Comédie française



Ce 15 septembre 2010, à l'Assemblée Nationale française, les écharpes tricolores étaient de sortie. La Gauche se livrait à un de ces barouds d'honneur dont les députés français ont le secret. Un mélange de "sincérité et de cirque", Catherine Nay dixit (Europe 1). Et j'avoue que le spectacle avait quelque chose d'impressionnant, et de grotesque en même temps !

La veille, je revois encore la députée socialiste Aurélie Filippetti, cuisinée par Robert Ménard sur la chaîne de télévision ITélé, après son intervention, à l'Assemblée nationale, dans le cadre des questions au gouvernement, à propos des dysfonctionnements dans le management par l'équipe au pouvoir de l'affaire Woerth-Bettencourt. Ménard reprochait, en passant, à la Gauche sa mémoire sélective compte tenu de certaines turpitudes intervenues notamment quand les Socialistes étaient aux affaires ainsi qu'en raison de l'inaction de ministres socialistes de la Justice en matière de protection des sources journalistiques.

Dans l'après-midi de cette interview, la députée Filippetti s'était manifestée à l'Assemblée, lors des questions au gouvernement, confirmant des propos qu'elle avait tenus auparavant.

Lu sur le site de la
Chaîne parlementaire> :

Aurélie Filippetti (PS)
évoque "un woerthgate"
Article publié le 13 septembre 2010 à 14h41

La députée PS Aurélie Filippetti a évoqué lundi "un woerthgate" à propos de la Une du Monde accusant l’Elysée d’avoir violé le secret des sources d’un de ses journalistes travaillant sur l’affaire Woerth/Bettencourt, accusation démentie par l’Elysée.
C’est "une atteinte insupportable à la protection des sources des journalistes. L’affaire Woerth-Bettancourt est de nouveau la cause d’une atteinte inacceptable à l’un des principes fondamentaux de la démocratie : la protection des sources de la presse", a accusé la députée de Moselle dans un communiqué.

Lors du débat sur la loi du 5 janvier 2010 sur la protection des sources des journalistes, "j’avais dénoncé un leurre et un dangereux risque de dérive. Force est de constater qu’en voici la preuve, avec un nouveau scandale digne du Wagergate, que l’on pourrait surnommer le woerthgate", lance-t-elle.

"Déjà la divulgation de PV tronqués d’auditions de témoins, en temps réel, à certains journaux amis avaient révélé combien l’Elysée était prêt à tout pour orchestrer la communication sur l’affaire. Désormais, on connaît la sanction et l’étendue des moyens employés pour contrer la version officielle que veut faire accepter le pouvoir", dénonce-t-elle.

Mme Filippetti a estimé que "l’Elysée doit aujourd’hui répondre de ces atteintes intolérables".

Fin de citation

Ce qui me pose problème, avec certains élus de Gauche, et que Ménard n'a pas évoqué avec Aurélie Filippetti, c'est l'offre de service faite à la droite par certains de ces élus, disposés à soutenir la loi dite "sur le voile intégral", alors même que l'UMP détient la majorité absolue à l'Assemblée nationale. Parmi ces élus, il y avait notamment Aurélie Filippetti et Manuel Valls - comme c'est étrange, on n'a pas beaucoup entendu Monsieur Valls ces derniers temps ! -. Et voilà les mêmes qui montent au créneau, parlent de violation des droits de l'opposition, voire de crise constitutionnelle (Arnaud Montebourg). Bigre, fichtre, diantre ! Pour un peu, ils nous referaient le coup du Coup d'Etat permanent !

Sur un autre site, voisin de celui-ci, j'avais pris naguère le pari que les socialistes se coucheraient devant la droite dans l'affaire du voile intégral, en "oubliant", par exemple, de saisir le Conseil Constitutionnel. Je maintiens mon pari, parce que je ne crois plus au bla-bla des Socialistes !

1958-2010 : plus d'un demi-siècle que la Gauche française cautionne l'incautionnable, ce régime qui fait de la France le seul régime péroniste d'Europe occidentale, avec ses "cousins" d'Amérique latine, d'Afrique et d'Asie : les Burkina Faso, Zimbabwe, Togo, (deux) Congo, Gabon, (deux) Guinée, et j'en passe... Mitterrand nous a fait le coup : l'autre (De Gaulle) était un dictateur qui violait les principes républicains. Et puis il est arrivé aux affaires, et l'on a vu ce dont il était capable : deux septennats pour rien !

Alors, évidemment, tout est de la faute de la droite, cette droite qui ne respecte pas les droits du Parlement : "Pensez-vous que le Parlement soit respecté dans notre pays ? Dans les autres pays européens, l'élaboration d'une loi sur les retraites a pris parfois au moins un an, tandis que chez nous... !" (Jean-Marc Ayrault sur ITélé, 15 septembre 2010).

Une indignation sélective, toujours conjoncturelle, c'est-à-dire datée, donc sujette à obsolescence, voilà ce que cette gauche nous offre une fois de plus. Parce que nous savons bien que les mêmes se préparent pour 2012, pour le grand cirque de l'élection du roi ou de la reine ! Plus d'un demi-siècle qu'ils nous font le coup de l'indignation sélective et à éclipses..., jusqu'au prochain épisode, à moins qu'un socialiste ne s'installe en 2012 à l'Elysée, et la Gauche oubliera... À titre d'exemple, quelqu'un peut-il me rappeler quelle était la politique africaine du Parti socialiste entre 1981 et 1995, soit quand Mitterrand était président ?

Sans godillots, il n'y a pas de caudillo ! C'est gravé dans le marbre...


CONSTITUTION DE LA Vème RÉPUBLIQUE

TITRE II

LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE


Article 5

Le Président de la République veille au respect de la Constitution. Il assure, par son arbitrage, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l’État.

Il est le garant de l’indépendance nationale, de l’intégrité du territoire et du respect des traités.

(…)


Article 8

Le Président de la République nomme le Premier ministre. Il met fin à ses fonctions sur la présentation par celui-ci de la démission du Gouvernement.

Sur la proposition du Premier ministre, il nomme les autres membres du Gouvernement et met fin à leurs fonctions.

Vous connaissez la nouvelle ? Il paraît que le roi de France, élu en 2007 par les Français, s'apprête à modifier la composition du gouvernement. Et le Landerneau politico-médiatique de bruisser de mille rumeurs, au point que d'aucuns spéculent sur la fin prochaine du ministère Fillon.

Et moi de m'interroger, et de relire la Constitution... Après quoi, je défie quiconque de me citer une ligne, une phrase de la Constitution de la Cinquième République, selon la(les)quelle(s) le président de la République aurait le pouvoir de changer de Premier Ministre, à sa guise !

Le fait est qu'il n'y a pas une phrase, pas une ligne de la Constitution de 1958, révisée depuis, autorisant le Président de la République à changer de Premier Ministre, voire de gouvernement, pour convenance personnelle. Et pourtant, voilà des semaines, voire des mois, que tout le monde spécule, stupidement, bêtement !

Tout le monde, y compris le pourtant brillant Richard Descoings, directeur de... l'Institut d'Études Politiques, à savoir la fameuse Sciences Po...

Quand on (Alain Marschall et Olivier Truchot, Émission Les Grandes Gueules, RMC, 15 septembre 2010) l'interroge sur la composition potentielle du gouvernement français à la suite du remaniement annoncé pour novembre 2010, Descoings a cette réponse : "Je ne prends pas de pari sur une décision qui concerne exclusivement une seule personne (le président de la République)."

Et c'est là que je mets Richard Descoings et tous les professeurs de droit constitutionnel, à Science Po... et ailleurs, AU DÉFI de me citer le passage idoine de la Constitution, qui fait du président de la République l'UNIQUE DÉCISIONNAIRE en matière de remaniement ministériel !

Le texte est pourtant limpide :

Article 8 : Le Président de la République nomme le Premier ministre. Il met fin à ses fonctions sur la présentation par celui-ci de la démission du Gouvernement. (...) Sur la proposition du Premier ministre, il nomme les autres membres du Gouvernement et met fin à leurs fonctions.

Mais où diable Richard Descoings a-t-il lu que le président de la République était le seul décisionnaire en matière de remaniement ministériel ? Dans cette affaire, il semble que tout le monde, Descoings inclus, retienne dans un énoncé la seule proposition principale, en oubliant la proposition prépositionnelle (les linguistes parlent aussi de syntagme prépositionnel), sans laquelle la phrase perd tout son sens, ou en tout cas, se trouve complètement édulcorée.


1) [Sur signifie que le procès que désigne le verbe est lié à l'acte ou à la circonstance que désigne le compl.] ;

2) [Sur signifie que le procès que désigne le verbe est lié à l'acte ou à la circonstance que désigne le compl.] : il met fin à ses fonctions... sur la présentation par celui-ci..., ce qui veut dire, en clair, que tant qu'il n'y a pas de présentation de sa démission par le Premier ministre, il n'y a pas de fin possible de ses fonctions ! Et cela vaut aussi pour la nomination des ministres : il faut une proposition du Premier ministre ! C'est écrit noir sur blanc, mais il faut croire que le microcosme politico-médiatique français ne sait pas lire !

Tout le monde (je l'espère, en tout cas...) aura noté qu'ici, le présent de l'indicatif vaut impératif : sur présentation par le premier ministre de la démission du gouvernement..., le président de la République MET FIN... ; en clair, le premier ministre ne lui laisse pas le choix !
Pour preuve que l'article 8 ne laisse aucune marge de manoeuvre au Président de la République :

Article 11

Le Président de la République, sur proposition du Gouvernement pendant la durée des sessions ou sur proposition conjointe des deux assemblées, publiées au Journal officiel, peut soumettre au référendum tout projet de loi portant sur l’organisation des pouvoirs publics, sur des réformes relatives à la politique économique, sociale ou environnementale de la Nation et aux services publics qui y concourent, ou tendant à autoriser la ratification d’un traité qui, sans être contraire à la Constitution, aurait des incidences sur le fonctionnement des institutions. [le Président peut, comme il peut ne pas soumettre...].
(…)

Article 12

Le Président de la République peut, après consultation du Premier ministre et des Présidents des assemblées, prononcer la dissolution de l’Assemblée nationale [le Président peut, comme il peut ne pas prononcer la dissolution.].

Les élections générales ont lieu (impératif) vingt jours au moins et quarante jours au plus après la dissolution.
Dans un certain nombre de circonstances, le présent de l'indicatif a bien valeur d'impératif ; en clair (article 8) : si le Premier ministre présente la démission du gouvernement, le Président de la République est dans l'obligation d'obtempérer !

Alors, on va me dire : "Et Chaban-Delmas, viré par Pompidou, et Michel Rocard, viré par Mitterrand !", et là, je réponds qu'il s'est agi, à chaque fois, d'une violation flagrante de la Constitution, tant par Pompidou que par Mitterrand. Voilà ce que et Chaban et Rocard auraient dû clamer bien fort, et ce, dans l'intérêt des institutions et pour éviter toute dérive caudillesque ! En se taisant, Chaban et Rocard ont rendu un mauvais service à la nation.