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dimanche 19 septembre 2010

Structure et conjoncture



Ça a commencé avec la logorrhée autour du thème de l'"hyperprésident".



Et puis l'on a constaté que l'hyperprésidence avait du plomb dans l'aile.



Et plus d'un "expert" y est allé de son avis autorisé.



La gauche va devoir déconstruire quoi déjà ? Il faut dire que l'expertise de Fabius ne manque pas de sel, lui qui fut le deuxième premier ministre de Mitterrand, le Mitterrand de la famille extra-conjugale logée aux frais du contribuable, le Mitterrand de l'affaire Greenpeace, consistant en une barbouzardise commise en temps de paix contre une organisation pacifique, dans un pays ami, la Nouvelle-Zélande. Le premier ministre s'appelait... Laurent Fabius, mais le seul éclaboussé dans l'affaire fut - outre les faux époux Thurenge - Charles Hernu, le ministre des Armées.
Je me prends parfois à imaginer ce que dirait Fabius aujourd'hui, si, d'aventure, une nouvelle affaire Greenpeace se faisait jour, lui qui déclarait, à propos de l'affaire Clearstream, qu'aucun gouvernement de pays démocratique ne serait resté en place après un tel scandale. Tout le monde sait qu'à la suite de l'affaire Greenpeace, le gouvernement Fabius a sauté !
Ce bon Laurent Fabius, dont Georges Frêche n'a cessé de stigmatiser le cynisme, et Frêche doit en connaître un rayon !

Les institutions ne vont plus, nous dit Bayrou. Parce qu'elles "allaient" avant ? Parce qu'auparavant, les députés étaient plus présents dans le débat à l'Assemblée ? Parce que le Parlement détenait, autrefois, l'essentiel de l'initiative législative et ne le détient plus aujourd'hui ? François Bayrou aurait-il noté une recrudescence de l'usage de l'article 49-3 depuis 2007 ? Ou se contente-t-il de faire comme à peu près tout le monde, de sentir d'où vient le vent ? A-t-il seulement des griefs précis à adresser au pouvoir actuel en matière de non-respect de la Constitution ? Et à part le fait de s'opposer à une seule personne, dont il aimerait bien prendre la place, Bayrou a-t-il jamais ébauché l'embryon d'un projet visant à faire différemment ?



Exercer son métier de président avec mesure..., nous dit Dominique de Villepin, lequel souhaite avoir un premier ministre plus présent... Pour un peu, M. de Villepin nous déclarerait presque souhaiter avoir un Parlement pesant un peu plus fortement dans la marche des institutions, un Parlement qui sache se faire entendre, en somme. Bien, formidable ! Le problème est que De Villepin ne nous dit pas - et il n'est pas le seul, en la matière ! - en quoi l'actuel hôte de l'Elysée viole la Constitution. Parce que s'il la viole, ça devrait se savoir quand même, non ? Et s'il ne la viole pas, alors le problème est ailleurs, je veux dire à la base, c'est-à-dire dans le texte fondamental lui-même, ce qui veut dire que toutes les critiques visent, sans jamais le dire ouvertement, non pas l'hôte de l'Elysée, mais la Constitution elle-même.

Parce qu'en matière d'application de la Constitution et de respect du Parlement, par exemple, personne n'a oublié le fameux CPE, qui a vu De Villepin embarqué dans une véritable guerilla institutionnelle contre la rue, mais aussi contre son propre camp, et sa tendance à considérer que les députés n'étaient que quantité négligeable, dès lors qu'il avait le soutien du président, lequel, in fine, s'est mué en maillon faible : "le Conseil Constitutionnel valide la loi, mais je ne la promulgue pas !"

On regrettera que Dominique de Villepin ait perdu la mémoire !

Lui aussi a perdu la mémoire, l'ex-fabiusien, qui veut nous faire oublier qu'il fut parmi les plus actifs éléphants socialistes à savonner la planche de leur propre candidate, au point de se réjouir bruyamment après sa défaite. D'autres, à la place de Bartolone et consorts, se feraient hara-kiri ou s'enfonceraient six pieds sous terre, de honte. Mais il faut croire que les éléphants socialistes ont rayé le mot "honte" de leur vocabulaire.

Du bla-bla, purement conjoncturel. Voilà ce que nous offrent les francs-tireurs de la guerilla contre l'"hyperprésidence". Mais n'attendez pas d'eux qu'ils s'attaquent à la structure même des choses, qui fait de la France un régime bien plus voisin du Zimbabwe de Robert Mugabe que de l'Allemagne d'Angela Merkel.

En attendant, l'économie française plonge du nez, tandis que l'Allemagne accumule les records en matière d'excédent commercial, réalisant le tour de force d'absorber les nouveaux Länder en à peine deux décennies, là où un pays gangrené par le bonapartisme et l'hypercentralisation se serait écroulé lamentablement !

Autre chose : n'est-il pas tout de même curieux, de voir comment tous les hôtes de l'Elysée, depuis le premier président de la Vème République, semblent frappés d'une sorte de malédiction de Toutankhamon, leur imposant un parcours du combattant toujours problématique (une réforme institutionnelle ratée pour De Gaulle, deux septennats, deux cohabitations pour Mitterrand, un septennat réduit à un "duennat" pour Chirac), voire une fin de règne à la limite de l'humiliation (les adieux grandiloquents de Giscard d'Estaing) ?

Au suivant !, aurait clamé Jacques Brel.